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A chaud par mordançage

De nombreuses recettes existent, remises sous presses avec la vague de retour à la vie naturelle qui a été à la mode après mai 1968.


Sans entrer dans les détails, voici le principe :

1. Le colorant est extrait des végétaux en faisant bouillir ceux-ci dans de l'eau, et en les laissant mijoter au moins une demi-heure : c'est une décoction.

2. Les fibres sont mordancées pour que les molécules colorantes puissent «s'accrocher» : on emploie une substance chimique, diluée dans l'eau, qui se fixe (mord) sur la fibre. Pour ce faire, les fibres sont mises à bouillir dans une solution aqueuse de mordant.

Les mordants les plus utilisés sont : l'alun chimique, la crème de tartre chimique, le chlorure d'étain, le sulfate de cuivre, le sulfate de fer, le bichromate de potassium.
Les quantités employées varient selon les recettes et sont souvent proportionnelles au poids des fibres à traiter.

3. Colorants et fibres mordançées sont mis en présence et encore bouillis pour que le mordant fixé sur la fibre «attrape» les molécules de couleur.


Mes commentaires :

Les inconvénients que je constate dans cette méthode de teinture sont :

* On fait beaucoup bouillir, outre la dépense d'énergie occasionnée, les fibres animales sont abîmées par cette trop grande chaleur => Essayez de chauffer de la laine ou de la soie jusqu'au bouillon et, même en respectant les temps de refroidissement pour leur éviter les chocs thermiques, vous constaterez que votre laine ou votre soie feutre, devient terne et rêche....

* Utiliser des sels métalliques qui restent dans les fibres avec la couleur :

  1. soumet les tissus et les fils à leur action corrosive au fil du temps.
    Prenons par exemple le fer et l'action de la rouille : les teintures avec du fer cisaillent les fibres en quelques mois...

  2. peut occasionner des allergies quand vous mettez ces fibres au contact de votre peau.....
    Les restes des bains de teinture sont jetés aussitôt utilisés, outre le gâchis généré au niveau des plantes, les produits chimiques ajoutés en font des rejets polluants (vous ne les verseriez pas sur votre compost ! ).
  3. Et tout cela pour quel résultat ?

  4. Où sont passés les jaunes, les rouges, les verts des tapisseries du XVIIIeme siècle dont les fis étaient teints exclusivement de cette façon !

  5. Voyez les restaurations du XIXeme siècle sur le bas des tentures de la Dame à la licorne au musée de Cluny qui ont bien triste mine à côté de l'éclat et de la splendeur de la partie haute dont les laines et les soies ont été teintes au début du XVIeme siècle !

  6. Plus proche de nous dans le temps, il y a l'expérience désastreuse de Claudie et Francis Hunzinger avec leur tenture pour le parlement européen de Strasbourg. En quelques mois, les couleurs ont passé et la laine s'est fait manger par les mites....